Elkhan Suleymanov
Président de l’Association de Contribution au Développement de la Société Civile en Azerbaïdjan (ACDSCA)
Député de Chamakhy
1. L’agression et l’occupation militaire de l’Arménie ont eu des conséquences tragiques.
Depuis 25 ans, 20% du territoire de l’Azerbaïdjan, y compris le Haut-Karabakh et les sept départements qui l’environnent, ont été occupés par les Arméniens. Plus d’un million d’Azerbaïdjanais sont devenus des réfugiés à cause de la politique expansionniste armée et de l’épuration ethnique menée par l’Arménie au moyen de très graves violations des Droits de l’Homme. Une infinité d’infrastructures sociales et économiques ont été détruites dans les régions azerbaïdjanaises occupées. Cela est source de dommages sociaux, économiques et écologiques. Les dégâts infligés au patrimoine social et culturel des régions occupées sont immenses.
Les préjudices infligés à l’Azerbaïdjan, du fait de l’occupation, sont chiffrés à plus de 431 milliards de dollars. Ce montant augmente avec chaque année qui passe. Il est impossible de calculer le dégât moral du conflit. On ne peut que l’observer dans la vie quotidienne d’1.850.000 Azerbaïdjanais qui en sont affectés.
2. Le barrage de Sarsang, qui est également dans la zone occupé, est un facteur lourd de dangers pour les régions proches de la ligne de front.
Il faut noter que le réseau d’irrigation des régions limitrophes de première ligne de l’Azerbaïdjan (Agjabedi, Aghdam, Berde, Goranboy, Terter, Yevlakh) se nourrissait de la retenue d’eau de Sarsang, construite sur la rivière Terter en 1976. Malheureusement, depuis 22 ans, cet immense réservoir est sous occupation ennemie.
Les six départements azerbaïdjanais qui sont voisins du barrage de Sarsang souffrent de pénurie d’eau. Selon certains experts, la destruction du réservoir, construit à l’époque soviétique, présente une menace de catastrophes pour plus de 400.000 personnes habitant la région en aval. L’occupation de la zone du réservoir par les Arméniens a déjà conduit à des crises, ainsi des routes ont-elles été détruites suite à l’ouverture du barrage en hiver, et en période chaude, une rétention intentionnelle crée-t-elle la pénurie et la sécheresse pour les zones agricoles. Ce risque élevé de catastrophe économique, humanitaire, écologique et biologique a récemment été mis en évidence.
3. Le blocus du Nakhitchevan entrave le développement de la région.
Depuis 25 ans, la République autonome du Nakhitchevan survit dans un état de blocus et pendant cette période, les 410.000 personnes qui y habitent ont connu des difficultés incessantes : l’insuffisance de gaz naturel et d’électricité a aggravé la situation de la population, mais aussi a eu des répercussions tragiques sur le développement social et économique de la région. Malheureusement, les souffrances engendrées par la situation de blocus du Nakhitchevan n’ont pas été mises en discussion dans les sphères internationales de l’APCE, et les organisations internationales n’ont adopté aucune résolution concernant les difficultés du Nakhitchevan.
4. Les cas de la Crimée et du Haut-Karabakh sont très différents.
Certains experts croient voir une similitude ou pouvoir établir un parallèle entre la Crimée et le Haut-Karabakh. Cependant, ces deux conflits se différencient l’un de l’autre très sensiblement du point de vue historique, politique et juridique. Par exemple :
a. Tous les composantes de la population, les Russes, les Ukrainiens, les Tatars de Crimée ont participé au référendum qui s’est tenu en Crimée. Si un référendum était organisé à l’avenir sous le nom de «vote populaire» au Haut-Karabakh, seuls les Arméniens qui habitent dans les régions occupées auraient la faculté d’y participer. Il faut se souvenir que cette région a été transformée de force en une région mono – ethnique. Comme les Azerbaïdjanais ont été soumis à une épuration ethnique et contraints à un inévitable exil, les Arméniens sont actuellement le seul groupe ethnique autorisé à vivre au Haut-Karabakh.
b. Selon le droit international, le droit à l’autodétermination ne s’applique pas dans un contexte de guerre, ou même d’actes de violence à l’encontre des représentants d’autres nations qui habitent dans la même région. Nous sommes ici dans un contexte de massacres et d’actes génocidaires, il est irrecevable et illégitime de diviser un territoire par l’usage de la violence.
5. L’Azerbaïdjan soutient l’intégrité territoriale de l’Ukraine et exige le même niveau de soutien international que celui qui est consenti actuellement à l’Ukraine.
L’Azerbaïdjan soutient l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’inviolabilité des frontières de l’Ukraine. Le 27 mars, la délégation azerbaïdjanaise a soutenu la résolution concernant l’intégrité territoriale de l’Ukraine auprès de l’Assemblée générale des Nations Unies et a démontré d’une manière très claire sa position sur ce conflit.
En même temps, je veux faire savoir que le Haut-Karabakh n’est pas seulement un conflit gelé, mais qu’il est aussi une source d’instabilité dangereuse dans le Caucase du Sud et qu’il mérite la même attention que la crise ukrainienne. Par conséquent, les organisations internationales et les institutions européennes devraient respecter leurs propres décisions et les exécuter.
1.850.000 Azerbaïdjanais, parmi lesquels les 410.000 habitants du Nakhitchevan placés sous un régime de blocus, les 400.000 habitants des six départements menacés par l’occupation du réservoir et du barrage de Sarsang, et un million de réfugiés azerbaïdjanais suite à ces vingt années d’occupation, ont été bafoués dans leurs droits. Leurs conditions de vie et les traumatismes qu’ils ont traversés rendent leurs existences très difficiles.
Malgré tout cela, les organisations internationales protégent l’Arménie dans tous les cas, elles jouent dans les faits un rôle de quasi-mécène à son égard, elles ne manifestent aucune intention de prendre des mesures et de se donner les moyens réels de mettre fin à l’occupation, elles se limitent à adopter des résolutions qu’elles n’appliquent pas, aucune sanction ne s’exerce contre ce pays, elles traitent sur un même pied un Azerbaïdjan meurtri par une occupation armée et une Arménie envahisseur. Dans certains cas, ces organisations n’ont même aucune vergogne à présenter l’Arménie comme un pays au fonctionnement plus démocratique.
6. Six pays du «Partenariat oriental»
Cinq pays post-soviétiques, sauf la Biélorussie, sont impliqués dans le programme du «Partenariat oriental». L’objectif principal du «Partenariat oriental» est de développer la coopération entre l’UE et les pays partenaires. Cependant, on a négligé le facteur «Russie» dans les objectifs du Partenariat.
Les pays post-soviétiques et la Russie ont des relations anciennes dans différents domaines et la résolution des problèmes territoriaux des pays du Partenariat oriental dépend de la Russie. Par conséquent, la négligence du facteur «Russie» met les pays du Partenariat oriental face à un choix difficile : la Russie ou l’UE
D’autre part, les pays du Partenariat sont dans des régions où les intérêts géopolitiques de la Russie et de l’UE sont identiques. Jusqu’à présent l’UE n’a pas proposé de mécanismes visant la prévention des risques auxquels les pays partenaires peuvent être confrontés. Les pays du Partenariat oriental n’ont pas reçu de garantie contre ces risques géopolitiques.
А cet égard, le cas de l’Ukraine est bien une crise géopolitique. Si le Partenariat oriental n’est pas capable de résoudre le problème territorial des pays engagés dans son programme, alors, bien au contraire, la situation favorise de nouvelles pertes territoriales et d’autres difficultés encore. Par conséquent, il faut donc penser sérieusement à l’avenir de ce programme.
En général, les programmes du Partenariat oriental et de l’Assemblée parlementaire de l’Euronest devraient être reconsidérés, car leur l’avenir n’est pas sur.
7. Il y a avantage aux relations bilatérales avec l’UE pour l’Azerbaïdjan
L’accord d’association n’est pas un accord universel. C’est un accord qui sera signé par l’UE et ses voisins. Les termes de l’accord ont été formés à la suite de négociations entre les parties concernées. L’Azerbaïdjan tire avantage du partenariat stratégique avec l’UE. Depuis plus d’un an, il y a des négociations qui sont en cours entre l’Azerbaïdjan et l’UE.
8. L’Azerbaïdjan et l’UE collaborent dans le secteur de l’énergie.
А partir de 2018, le gaz naturel du gisement de Shah Deniz devrait être transporté en Europe par les gazoducs Trans-Adriatique (TAP) et le Trans-Anatolie (TANAP). L’oléoduc Bakou –Tbilissi -Ceyhan, le gazoduc Bakou -Tbilissi -Erzurum et le projet de chemin de fer Bakou –Tbilissi -Kars sont destinés à assurer la sécurité énergétique de l’UE.
9. Bien que la position officielle des organisations internationales soit sans équivoque, aucune sanction n’a été appliquée à l’encontre de l’Arménie.
En 1993, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a adopté 4 résolutions concernant l’occupation des territoires azerbaïdjanais (Résolutions 822, 853, 874 et 884). Ces documents exigent la restitution inconditionnelle des territoires occupés. De même, l’occupation des territoires azerbaïdjanais par l’Arménie a été condamnée par l’APCE, le Parlement européen et par d’autres organisations internationales.
Les organisations internationales reconnaissent l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan au travers des diverses résolutions et déclarations qu’elles ont adoptées, et cependant elles n’appliquent aucune sanction contre l’Arménie.
La communauté internationale se limite à condamner l’agression de l’Arménie et cela démontre que les organisations internationales appliquent une double norme.
10. L’Azerbaïdjan subit une forme de discrimination dans les organisations internationales.
Cela fait des années que l’Azerbaïdjan s’est engagé dans le programme du «Partenariat oriental». Cela fait 14 ans que l’Azerbaïdjan est membre du Conseil de l’Europe. Néanmoins, la résolution de nos problèmes ne fait pas l’objet de l’appui auquel il a droit de la part des organisations internationales, au sein desquelles le pays subit une certaine forme de discrimination depuis 20 ans.
L’intense activité diplomatique suivie des sanctions appliquées contre la Russie suite à l’annexion de la Crimée met en évidence les doubles normes et l’hypocrisie de l’Ouest à l’égard de nos régions occupées et du Haut-Karabakh. Depuis environ 25 ans, ces régions sont sous occupation militaire arménienne et les normes juridiques internationales y sont violées. Toutefois, l’UE traite avec indifférence la violation de l’intégrité territoriale et la souffrance d’un million de personnes déplacées en Azerbaïdjan. La loi est identique pour tout le monde et elle ne peut pas être appliquée de différentes manières selon les pays. La communauté internationale se concerte pour exercer des pressions sur Moscou, mais les sanctions qui sont amplement justifiées contre l’Arménie, où sont-elles? La communauté internationale doit soutenir l’Azerbaïdjan de la même manière, à l’égal de son soutien à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, par des déclarations et par des actes. Les résolutions adoptées par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, par le Parlement européen, par le Conseil européen doivent être respectées et doivent entrer dans les actes.
D’après moi, l’Azerbaïdjan doit tirer la leçon des soutiens attribués en Ukraine par les Etats-Unis et les pays occidentaux, ainsi que par toutes les organisations internationales et exiger auprès de la communauté internationale, notamment de l’UE, du Conseil de l’Europe et de l’OSCE, l’application de sanctions contre l’Arménie .
Au lieu de sanctionner l’Arménie, on a recours à des artifices pour pérenniser la situation actuelle.
Les organisations internationales préparent des attaques d’envergure sous le prétexte des Droits de l’Homme contre l’Azerbaïdjan, afin de protéger l’Arménie lorsque présidence du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe va échoir à l’Azerbaïdjan. Les prémices de ce calcul politique sont déjà visibles.
Le conseil de l’Europe, qui se présente comme «la maison de la liberté et de l’unité », veut réaffirmer qu’il s’occupe principalement des Droits de l’Homme. Après recherches, on perçoit que c’est essentiellement appliqué à 4 des 47 Etats membres du Conseil de l’Europe :
La Russie, l’Ukraine, la Turquie et l’Azerbaïdjan dans le cas actuel. L’Ukraine a été supprimée de cette liste par les organisations internationales, notamment par le Conseil de l’Europe. En outre, ces organisations craignent de trop se heurter à la Turquie, car celle-ci est particulièrement importante pour elles.
D’autre part, le 10 avril, l’APCE a temporairement privé la Russie de son droit de vote. Cependant, deux jours plus tard, ils regrettaient leur décision, car il n’y avait plus de pays à incriminer sous prétexte de Droits de l’Homme. Le nombre des pays répréhensibles se réduisait ainsi comme peau de chagrin. Le Conseil de l’Europe s’est alors simplement tourné vers l’Azerbaïdjan afin de garder son rythme de travail.
Il est évident que les organisations internationales ont une mécanique bien connue depuis longtemps pour incriminer un pays quelconque, et particulièrement l’Azerbaïdjan. Les organisations internationales non -gouvernementales comme Amnesty International, Human Rights Watch, Freedom House etc., qui sont financées par des puissances mondiales et qui répondent à des commandes, commencent à critiquer les Droits de l’Homme et la liberté d’expression en Azerbaïdjan. Ensuite, l’ancien scénario sera répété : ils financent les organisations non -gouvernementales du pays afin d’avoir plus de crédibilité et de références. D’ailleurs je tiens à dire que certaines organisations non -gouvernementales d’Azerbaïdjan sont devenues des championnes pour flétrir leur propre pays au moyen d’accusations déraisonnables et grâce à des fonds étrangers.