Télégramme d’I. Staline à V. Lénine
(Vladicaucase, le 16 novembre 1920)
Pour orientation. La menace d’un danger pour Bakou peut provenir de trois directions. La première direction est celle du sud : si Anzali et Recht étaient soumis au régime du Shah, le danger viendrait de l’Angleterre, qui est actuellement le seul réel pouvoir en Iran. Dans un tel contexte, en envoyant quelques bateaux sous-marins en mer Caspienne, l’Angleterre peut perturber le fonctionnement de notre transport maritime. Si encore l’armée britannique devait avancer de l’Iran du sud et de Mésopotamie vers le nord, de grandes forces devraient être impliquées pour la défense de Bakou. Pour éviter ce danger, une condition devrait être conclue sur le fait qu’Anzali et Recht ne seraient pas restituées à l’Iran avant le retrait des forces armées britanniques.
Deuxième direction : le danger provenant de la Turquie. Si la Turquie était installée en Arménie, elle partagerait une frontière commune avec l’Azerbaïdjan. Afin d’éviter ce danger et profitant de la situation actuelle, il faut soviétiser l’Arménie et la glisser entre la Turquie et l’Azerbaïdjan.
Troisième direction : provenant de la Géorgie, qui est en fait le danger de l’Entente. Le territoire entre Elizavetpol et Tbilissi n’est pas un territoire propice à dissuader un coup venant de l’ouest. L’adversaire peut dès le premier assaut parvenir à Elizavetpol et établir un gouvernement bourgeois en Azerbaïdjan. Et donc, il lui serait possible de passer à l’arrière de nos troupes en Azerbaïdjan. En effet, si la Géorgie passait à la bourgeoisie, ceci serait le plus sérieux des dangers mentionnés. Nous serions obligés de cantonner des forces sérieuses contre la Géorgie. Nous devons donc concentrer nos troupes à Zagatala et, profitant d’une situation opportune, nous devons avancer vers Tbilissi. La soviétisation de la Géorgie pourrait entraîner la privation d’appui aux contre-révolutionnaires du Caucase du Nord et faciliter leur soumission. Maintenant, à un moment où Wrangel ne s’est pas enfui à Batoum, mais à Constantinople, nos troupes sont disponibles. On ne peut pas trouver un moment plus opportun. Les trois dangers et les moyens de les contrecarrer sont ceux-là. Dans six jours, plus de détails.
Staline
Préparé par Gündüz Nasibov et le site Genosid.ru